Gisèle Pape aime le lever du jour, cette petite suspension bleue pendant laquelle les oiseaux cessent de chanter pour quelques secondes. Mais elle se lève toujours trop tard. Alors, triste, Gisèle Pape s’en va dans sa pièce à musique. Parce que chez elle, Gisèle a une pièce à musique. Et dans cette pièce, Gisèle n’est plus triste, n’est pas joyeuse non plus d’ailleurs, Gisèle est. Concentrée, parfois studieuse, parfois buissonnière, mais elle est, dans son monde, à la recherche de ce qu’elle croit être bien.
Dans sa pièce à musique il y a beaucoup d’images. Une femme russe en toque verte qui la regarde mystérieusement, une plume de paon, une photographie de Munch avec un nu et un oeil, un flyer jaune de Copenhague, des pellicules et des pelotes de fil. Parce qu’une chanson, ça se tricote.
 
C’est à Belfort qu’elle apprend patiemment l’art des fugues et de la quinte sur l’orgue du conservatoire, entre deux échappées en forêt. Elle choisit pourtant pour études le cinéma et l’école Louis Lumière. Elle y fabrique des chimies, développe la pellicule, réalise des films expérimentaux. Pour en écrire les bandes-sons, elle se met à la guitare et emprunte un synthé analogique. Elle travaille ensuite dans la lumière de spectacle, part en tournée, enregistre les oiseaux au Brésil et la foule à Hong Kong. Elle se décide enfin pour la chanson. Ce seront des fables et des ritournelles, les harmonies de Couperin avec les expérimentations de Laurie Anderson, le minimalisme de Steve Reich avec les mélodies de Cat Power. Remarquée par La Souterraine et les Inrocks Lab, elle sort un premier EP, Oiseau, début 2016. Continuant ses explorations, elle emmène avec ses instruments sa boule à facettes, en quête de rêverie perpétuelle.

LE CHANT DES PISTES — Extrait du premier album de Gisèle Pape, CAILLOU paru le 29 janvier 2021.

Plus d’infos sur le site de Gisèle : http://www.giselepape.com