Pierre Perret, né le 9 juillet 1934 à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), est un auteur-compositeur-interprète français.
Auteur jouant sur les mots et la musicalité de la langue française, Pierre Perret ne dédaigne pas pour autant l’argot, qu’il emploie à dessein dans de nombreux textes (il a réécrit les fables de La Fontaine). L’interprète, dans un style apparemment naïf, voire enfantin, avec candeur et humanisme, pose nombre de questions pertinentes qu’il déclame avec un sourire malicieux.
Chanteur populaire et auteur reconnu, il s’illustre par un répertoire hétéroclite composé tour à tour de chansons enfantines, comiques, grivoises, légères ou engagées, qui naviguent entre humour et tendresse. En marge de la chanson, il a publié de nombreux ouvrages sur la langue française et plusieurs sur la gastronomie, son autre grande passion.
Ses parents, Maurice et Claudia, tiennent un café à Castelsarrasin, le Café du Pont, dans lequel il passe une grande partie de son enfance, apprenant par là même de nombreux argots et langages de métiers.
À quatorze ans, il intègre le conservatoire de musique de Toulouse et s’inscrit aussi au conservatoire d’art dramatique. Il obtiendra à 19 ans un premier prix de saxophone1. Parallèlement, il continue de jouer dans des bals et des fêtes familiales avec son premier orchestre de quatre musiciens.
De 1953 à 1956, il effectue son service militaire et ne peut passer la dernière épreuve d’entrée au Conservatoire de Paris, dans la classe de Marcel Mule car il est en prison militaire ce jour-là2. Il rend visite régulièrement à l’écrivain Paul Léautaud jusqu’à la mort de celui-ci en 1956, et raconte cette fréquentation en 1972 dans Adieu, Monsieur Léautaud.
Ayant fait la connaissance de Georges Brassens – à qui il est souvent comparé à ses débuts –, qui l’encourage à écrire et composer, il fréquente de plus en plus le milieu de la chanson parisienne. En 1956, on le retrouve comme accompagnateur à la guitare de la jeune chanteuse Françoise Marin (née Sophie Makhno) dans le cabaret La Colombe. Un soir, les clients partis, il montre ses premières chansons à Michel Valette, le patron du lieu. Il lui chante alors Adèle, Qu’elle était jolie, etc. Mais, trop timide, il refuse la proposition de celui-ci de l’engager pour chanter. Malgré cela, le lendemain, après le tour de chant de Françoise Marin, Michel Valette lui force la main en l’annonçant par surprise aux clients de La Colombe et, après s’être fait prier dans une ambiance bon enfant, il finit par accepter. Il remporte un vif succès, qui le met en confiance et l’incite à accepter son premier engagement de chanteur.
En 1957, il habite avec Françoise Marin, devenue Françoise Lô, qui joue aux Trois Baudets. Perret l’accompagne à la guitare. Un soir, il chante quelques-unes de ses propres chansons et est remarqué par Boris Vian, Jacques Canetti et surtout par le manager de Gilbert Bécaud et de Charles Trenet, Émile Hebey. Celui-ci le présente à Eddie Barclay, avec lequel il signe un contrat d’enregistrement pour une durée de six ans. Son premier 45 tours, Moi j’attends Adèle, sort cette année-là. La même année, dans les bureaux des disques Barclay, il fait la connaissance de Simone Mazaltarim qu’il épouse en 1962 et qu’il rebaptise, des années plus tard, Rébecca. Leurs jumeaux Alain et Anne naissent aussi cette année-là.
En 1958, il continue la tournée des cabarets parisiens et sillonne les routes de France et d’Afrique en première partie du groupe américain les Platters. En 1958, il séjourna au Plateau d’Assy sur la commune de Passy en Haute-Savoie où à ce moment là, plusieurs sanatorium étaient en activités . Pierre Perret était dans une pension à proximité des sanatoriums afin de suivre des soins pour sa pleurésie. A la pension, les repas n’étaient pas du tout aux goûts de Pierre Perret. La mauvaise qualité culinaire de cette pension inspira l’artiste pour écrire sa chanson Le Tord-Boyaux. En novembre, une pleurésie l’oblige à séjourner presque deux ans dans un sanatorium. Il reçoit alors le soutien financier du métier.
En 1960, sort Le Bonheur conjugal, son second 25 cm (le premier étant Moi j’attends Adèle 25 cm, sur lequel figurent par ailleurs Si j’t’envoie des fraises… Qu’elle était jolie qu’elle était belle…, 25 cm sorti en 1958. D’autre part, entre ces deux 25 cm, il existe un ou deux 45 tours EP, dont Le sex appeal d’Emile. Les ventes ne sont pas suffisantes.
En 1963, Pierre Perret connaît son premier succès avec la chanson Le Tord-Boyaux (80 000 exemplaires). Il enchaîne alors les succès. Il habite Gennevilliers avec sa famille pendant huit ans. Sa fille Julie naît en septembre 1963 mais décèdera en juillet 1995. Le contrat avec Barclay expire cette année-là. Il signe alors chez Vogue pour une durée de six ans, et Lucien Morisse devient son agent artistique.
Dès lors, il donne plusieurs concerts et assure des premières parties de concerts d’artistes comme Nana Mouskouri ou les Rolling Stones4 lors de leur premier concert en France.
En 1966, la chanson Les Jolies Colonies de vacances est un grand succès populaire. D’abord interdite puis diffusée sur les radios et à la télévision, elle met fin définitivement à des années de galère financière. En juillet-août, il fait une tournée dans toute la France avec Charles Aznavour. Cette proximité artistique encouragera Pierre Perret à se lancer dans une écriture plus poétique. Il se produit pour la première fois à l’Olympia en novembre 19664.
En 1969, il joue dans le film Les Patates, de Claude Autant-Lara4, avec Jacques Balutin, Rufus, Henri Virlojeux, Bérangère Dautun, Christine Aurel, film dont il signe la musique. Le contrat le liant avec Vogue expirant en 1969, il décide, avec sa femme, de s’autoproduire en fondant les éditions Adèle (du nom de sa première chanson).
Il joue en 1971 dans un western comique de Jean Girault, Le Juge, avec Robert Hossein. La même année, il chante La Cage aux oiseaux.
Perret connaît son plus gros succès en 1975 avec Le Zizi. Il se met petit à petit à écrire des textes plus graves. Sa chanson Lily, écrite en 1977, deviendra un classique des chansons anti-racistes. Il écrit également sur la famine (Riz pilé), l’écologie (Vert de colère), la guerre (La Petite Kurde), le tabac (Mourir du tabac), l’avortement (Elle attend son petit), la vie des travailleurs (Ma nouvelle adresse) ou la remontée du fascisme (La Bête est revenue). Sortie en 1998, cette chanson contre le Front national lui vaut de nombreuses lettres d’insultes. Comme suite à l’album du même nom, il fait une tournée passant notamment au Festival des Vieilles Charrues où il jouera devant 60 000 personnes5.
En 1995, il enregistre en duo avec Sophie Darel la chanson Maître Pierre pour l’album C’était les Années Bleues.
En 2003, il collabore avec le groupe les Ogres de Barback pour son album Çui la (Il monte également sur scène à leurs côtés en 2005 durant le live enregistré « 10 Ans d’Ogres et de Barback » à La Cigale à Paris, où il interprète en trio le titre Lily). Il revient à des arrangements évoquant la variété des années 1970 pour son album suivant, Mélangez-vous, qui sort en 2006. Ses ventes n’atteignent plus les records d’autrefois, mais Pierre Perret n’en demeure pas moins un personnage important de la chanson française. Il est également devenu un auteur à succès, comme avec son dictionnaire Le Parler des métiers, sorti en 20034.
En 2006, il est invité par le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, à quelques jours de la reprise de la discussion du projet de loi sur les droits d’auteur ; il a plaidé contre la licence globale : « C’est comme si l’on rentrait dans une boulangerie et que l’on raflait tout sans payer ».
Le 18 avril 2006, après quatre ans de travail, sort l’album Mélangez-vous. Le 20 novembre suivant, il sort un album de chansons paillardes intitulé Le Plaisir des Dieux4 (du nom de l’Association des salles de gardes). Il écrit : « Il y a des lustres que je rêvais d’avoir le temps d’enregistrer un jour ces chansons de salle de garde. » Il interprète, et parfois réécrit, certaines de ses chansons comme l’avait fait Georges Brassens.
En 2009, Manuel Poirier a tourné un film sur l’enfance de Pierre Perret tiré de son autobiographie, Le Café du pont7.
Pierre Perret participe au Comité d’orientation pour la simplification du langage administratif (COSLA). Il fait également partie du Conseil supérieur de la langue française depuis sa création en 19898 (mandat renouvelé en 1993, 1999 et 2003).
Le 14 avril 2014, il publie l’opus Drôle De Poésie !. Il réside dans la commune de Nangis (Seine-et-Marne).
Le ton principal des chansons de Perret est enjoué, typique du music-hall. Certaines appartiennent également à la tradition des chansons paillardes dans lesquelles il est question de sexualité de façon indirecte et gaie. Le Zizi, par exemple, raconte un cours d’éducation sexuelle à l’école primaire.
Cependant, outre ce ton gaillard, il compose également des chansons engagées : Lily (anti-raciste), Y’a cinquante gosses dans l’escalier (sur la vie difficile des gens en HLM), Ma nouvelle adresse (sur la vie des travailleurs), lyriques, comme Blanche, ou poétiques, comme Fillette le bonheur c’est toujours pour demain. Certaines d’entre elles ont été écrites sur un ton guilleret, telles La bête est revenue, Au nom de Dieu, Dealer ou encore La mondialisation. Le thème satirique du Tord boyau, sur les bouges et les gargotes, avait été précédemment mentionné dans Félicie Aussi de Fernandel, et l’Hôtel des Trois Canards de Marie Bizet.
En 2009, dans un article du Nouvel Observateur, la journaliste Sophie Delassein met en doute la véracité des rencontres vers 1953-1956 entre Paul Léautaud et Pierre Perret, que ce dernier a souvent relatées, notamment dans des entretiens télévisés et dans ses livres. Elle pointe diverses incohérences avec les archives de l’époque mentionnées par divers proches de Paul Léautaud qui ont également émis des doutes sur les réelles relations entre l’écrivain et le chanteur. La thèse de la journaliste est que Perret aurait exagéré la profondeur de sa relation avec l’écrivain pour se faire bien voir de son ami Georges Brassens, grand admirateur de Léautaud, puis se serait enfermé dans ce mensonge. Elle accuse également Perret de plagiat. Pierre Perret s’explique dans un droit de réponse avant de porter plainte pour diffamation contre Sophie Delassein. Le jugement est favorable au chanteur et très sévère à l’encontre de la journaliste. Le 20 mars 2012, le tribunal correctionnel de Paris condamne le journal Le Figaro pour avoir, dans l’une de ses chroniques, diffamé Pierre Perret. Le quotidien a été condamné à 3 000 euros d’amende tandis que l’auteur des propos, le journaliste Stéphane Denis, écope d’une amende de 1 500 euros. Le Figaro et Stéphane Denis doivent, en outre, verser solidairement 5 000 euros à Pierre Perret au titre des dommages-intérêts ainsi que 4 000 euros au titre des frais de justice. Le Figaro a l’obligation de publier le jugement dans ses colonnes. Le chanteur populaire a ainsi gagné trois procès en diffamation pour la même affaire dont un à l’encontre du journaliste et chroniqueur Bernard Morlino, condamné pour injure et diffamation.
En janvier 2014, il est promu au grade de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres (2014). La réception dans le grade est organisée le 9 juillet 2014, jour de ses 80 ans.

Photo : Pierre Perret en concert lors du Festival de la chanson française d’Aix-en-Provence 2010(Aueur : Georges Seguin – Okki)

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Perret de Wikipédia en français (auteurs)

 

Pierre Perret – La cage aux oiseaux

 

 

Pierre Perret « Lily » en acoustique chez C à vous – 14/05/2015

 

 

Pierre Perret : Les Jolies Colonies de Vacances